Un frisson me hérisse la nuque
cela ressemble à un courant d'air
Qui me frappe ou me caresse là où je suis seul
Un frisson parcourt de mon corps la courbe
Il m'empoigne la peau, me gèle le sang
me glace le coeur
Je sens cette peau devenir masque de cire
Elle me tire
Elle me fige
En un instant
Un frisson me dit: Tu as peur!
Tu n'oses même plus respirer
Ton souffle même devient difficile
Ton souffle devient même dur
Tu as peur
Tu n'oses plus affronter ton propre regard
Car tu sais
Tu as peur...
de ton ombre, tu deviens frère
Tu t'y caches
Tu t'y réfugies
Tu as peur...
Et tes épaules deviennent lourdes
Lourdes
Si lourdes
Que la pensée même de te redresser te crispe
T'angoisse
Tes yeux fuient ton âme
de peur de te décevoir
Tu connais la lâcheté de tes jours
Tu ressens la vanité de leurs détours
Tu as peur
Tu ne vis plus
Tu attends que se passe le temps
Tu habites les souterrains de ta mémoire
Tu ne connais même plus la lumière de tes sentiments
Tu as peur
Et d'un revers de manche, tu balaies de ce corps les poussières qui t'habillent
D'un gris manteau de solitude
Toi
Celui qui se perd dans cette tourmente, dans cette tour où tu te mens
Jour après jour,
Nuit après nuit
Tu te nuis
Tu as peur
Tu n'affrontes même plus de tes yeux l'obscurité latente
Ta nuque se hérisse
Tu ressens ce frisson
Ce compagnon qui sur ta peau se glisse
En de multiples cratères
En de multiples gouffres
Où ton âme se perd
Tu as peur...
Et tes entrailles se serrent
Et tes membres flageolent à l'idée de sortir des brumes
A l'idée de sortir de la Nuit
A l'idée de vivre
Tu crèves de peur et tes entrailles se brisent en milliers de lances
qui te transpercent nuit après jour, seconde après souffle
A chaque instant de ta conscience tu défailles
Et tombes dans l'abîme de tes infantiles peurs, de tes infantiles démons
Oui, tu as peur...
Et ne sais comment t'en garder
Et ne sais comment ne pas t'évanouir et te fondre dans le clair obscur de ta raison défaillante
Ta nuque se hérisse
Et ta peau quémande une chaleur fuyante
De tes souvenirs, tu fais la prébende
Car tu es Peur
Tu ne respires
Tu n'expires
Tu n'inspires
Rien...
Tu te combles de ce vide glacé qui remplace de ton coeur les battements de vie
Ta nuque se hérisse et remplit de ton vide le désert gelé de ta vie
Ta nuque se hérisse et court ce frisson malhabile sur ta peau d'argile
Qui craquèle ton corps, ton coeur en de milliers de lances obscures
Elles couvrent de nuit ton âme si pure
Tu as peur... Oui, tu as peur
Toi, ma soeur de toujours
Ma Soeur d'Amour
Tu as peur
Peur
Si peur
Car tu n'oses pas
Non, tu n'oses pas
Vivre
Souffrir mais vivre
Souffrir et Vivre
If Yves